Ce métier, et aucun autre
Produire du lait suscite encore des vocations précoces et tenaces, malgré la crise. Le parcours de Sonia Julhes, à Paulhac, dans le Cantal, en témoigne.
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«J’aime traire ! J’aime ce contact avec les vaches et cette production exigeante en technicité. Traire n’est pas une contrainte, c’est un plaisir ! Je ne me verrais pas exercer un autre métier et je ne peux vivre qu’avec un éleveur pour partager cette passion ! » Le ton est donné. Sonia Julhes, 19 ans, a grandi sur l’exploitation de ses parents, Philippe et Maryline (110 montbéliardes et prim’holsteins et un troupeau allaitant de 35 aubracs, sur 175 ha de SAU, à 1 100 mètres d’altitude). « J’ai toujours trait avec eux. Il paraît que j’arrêtais de pleurer dans mon couffin dès que j’arrivais à l’étable », raconte en riant la jeune femme, aujourd’hui investie sur l’exploitation de son compagnon, Ludovic, lui-même installé avec ses parents, Marcel et Marilyne. Le Gaec des Brunes compte 110 vaches brunes inscrites et 45 aubracs sur 190 ha de SAU. « En ayant grandi dans une ferme et participé avec enthousiasme dès le plus jeune âge à cette vie, on va vers ce métier en connaissance de cause ! » souligne celle qui allait traire le lundi matin avant de partir au lycée agricole de Saint-Flour, où elle a passé son bac GCEA l’an passé.
Une passion pour la sélection en brune
« Nos parents nous ont laissés libres de nos choix sans taire leurs difficultés, mais sans nous dissuader non plus de devenir éleveur », se souvient Sonia, encore vexée d’avoir entendu au collège « que c’était du gâchis d’aller dans un lycée agricole quand on était une bonne élève ». « Nous nourrissons nos concitoyens, il est bon de le rappeler et de communiquer davantage sur notre métier, l’un des plus nobles qui soit. » La sélection en race brune, sa préférée, passionne la jeune fille qui a présenté deux vaches, Ibiza et Helette, avec Ludovic au Mondial de la brune à Mende (Lozère), en avril 2016. Forte de son enthousiasme et de sa jeunesse, Sonia n’est pas sans réfléchir à son avenir. « Bien sûr, le prix du lait soumis à une conjoncture mondiale est souvent insuffisant pour le travail et les investissements fournis. Mais nous avançons techniquement et dans la sélection du troupeau. La transformation du lait en fromage est une éventualité, surtout dans des zones AOP comme la nôtre. Les différents stages que j’ai faits sur des exploitations fromagères m’ont beaucoup plu. Je me sens aussi tout à fait capable de traire des chèvres ! Une chose est sûre : je suis bien ici et compte y vivre du métier que j’ai choisi ! »
Monique Roque-MarmeysNDLR : à lire aussi l’ouvrage Éleveurs en herbe, 61 portraits de jeunes passionnés, de Monique Roque-Marmeys.
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